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CRP fabricant de Produits techniques en béton pour les travaux publics

Revues de presse

CRP, Quartzo Design : une famille, deux entreprises nationales dans le béton 

3 mai 2019

À ceux qui croient que le béton est une matière figée, l’entreprise industrielle CRP, discrète sur son site de Palisse à Malemort, apporte un démenti de première qualité. Ses produits innovants sont présents depuis de nombreuses années dans toutes les villes françaises de plus de 15 000 habitants.

Entreprise industrielle fabricant des produits en béton destinés au secteur des travaux publics, CRP, née en Corrèze en 1974, est rachetée par Jean-Claude Bessières en 1985, dans le cadre du dispositif de reprise d’une entreprise par ses salariés ; même si, en l’occurrence, il est le seul salarié à reprendre. L’homme a une longue expérience dans le béton, qui plus est une solide formation d’ingénieur.

CRP fabrique alors surtout des tuyaux en béton pour les canalisations et des bordures de trottoir. Ses clients sont les P.M.E. locales de travaux publics.


        Nouveaux produits, nouveaux clients

     Jean-Claude Bessières comprend qu’il doit profondément modifier l’entreprise s’il veut survivre sur un marché qui stagne, voire recule avec l’arrivée des produits en plastique et la concentration dans le secteur. Ses deux leitmotivs paraissent simples : « pour avoir de la croissance, il faut de nouveaux produits et de nouveaux clients » et « si la taille des parts du gâteau diminue, il faut augmenter la celle du gâteau complet.»

    CRP va donc se lancer, dès le milieu des années 1980, dans le développement de nouveaux produits et passer à une commercialisation à une échelle plus grande, interrégionale. La création de regards en béton étanches d’une part, pour les eaux pluviales et les eaux usées, et de produits pour l’aménagement urbain d’autre part, sous la marque Quartzo Design, vont permettre à l’entreprise corrézienne non seulement de s’en sortir, mais en plus de prendre une autre dimension. En dix ans, Jean-Claude Bessières double le chiffre d’affaires. À l’ancienne usine 1, s’est ajoutée l’usine 2 (10 000 mètres de surface couverte, 5 hectares de parc de stockage).

     Un ralentissement se fait sentir à partir du milieu des années 1990. L’entrepreneur reçoit pourtant des offres conséquentes de groupes qui souhaitent racheter CRP. Il pourrait céder son entreprise et se retirer. Mais il choisit une autre option : il propose à son fils, Jean-Marc, de le rejoindre en 1995. Le tandem père-fils se complète parfaitement, puisque Jean-Marc Bessières s’est formé préalablement à la finance et au marketing. Il a travaillé 5 ans en Allemagne, 2 ans chez Daimler-Benz, 3 ans à la Deutsche Bank.

     Ils vont oeuvrer ensemble pendant cinq ans. Le duo fonctionne bien, alors que la période est difficile. En gardant toujours le principe « nouveaux produits, nouveaux clients », ils mettent au point des produits à forte valeur ajoutée. La gamme CRP s’enrichit de produits techniques (tels que des dispositifs innovants d’évacuation d’eaux usées), la gamme Quartzo Design s’enrichit, elle, de créations qui concurrencent la pierre naturelle (mobilier urbain en béton design poli).

       Crise, réformes, croissance

Grâce  ces innovations, l’entreprise tient bon dans un marché atone. Arrive alors la violente crise de 2008. Les pouvoirs publics, notamment les collectivités locales, très endettées, parfois avec des emprunts dits "toxiques", réduisent drastiquement leurs travaux d’aménagement urbain. Les entreprises de travaux publics sont rudement touchées (baisse de 40 % des commandes en moyenne entre 2008 et 2012).

Encore une fois au pied du mur, CRP va adapter sa stratégie. Son père lui ayant transmis les rênes en 1997, Jean-Marc Bessières est désormais seul à la barre. La production n’est plus vendue qu’à des entreprises de TP du Sud-Ouest, mais aux négociants T.P. dans toute la France (des centaines d’agences sur tout le territoire). De plus, l’accent est mis sur des produits innovants, dont la durabilité est augmentée, avec dépôts de plusieurs brevets pour une protection au niveau européen.

Ces réformes drastiques – changement de 100 % du portefeuille clients ainsi que de 70 % des produits commercialisés – portent leurs fruits : la croissance est de + 5 % en 2015, + 10 % en 2016, + 15 % en 2017 et 2018. L’objectif de + 20 % en 2019 est bien parti pour être atteint.

Jean-Marc Bessières insiste sur un autre atout décisif : « La principale clé de l’entreprise, c’est le choix scrupuleux de celles et ceux qui vont la composer. Aujourd’hui, nous sommes capables d’embaucher une personne même quand nous n’avons pas de poste à pourvoir, mais parce qu’elle nous plaît par son rayonnement, son état d’esprit, sa polyvalence, sa volonté de s’intégrer. Nous savons qu’elle va nous apporter quelque chose et nous faire progresser ». De fait, toutes les innovations proviennent de la valorisation des savoir-faire, associée à la recherche et développement réalisée en interne.

        Une entreprise écologique évolutive

        Les usines 1 et 2 étant saturées, la construction d’une troisième a débuté fin 2018. Les travaux pour la quatrième ont démarré la semaine passée, on pourra bientôt la voir le long de l’avenue Honoré de Balzac à Palisse. Une cinquième, d’environ 5000m²,  est déjà envisagée pour 2020 ! Au total, CRP réalise 100 000 tonnes de produits finis par an. L’activité a doublé sur les cinq dernières années ; elle est bien partie pour doubler encore sur les trois prochaines années. À Brive, la rue Gambetta rénovée l’an passé, la rue Carnot cette année, ainsi que les abords la nouvelle halle Thiers ont été aménagées avec des dalles Quartzo Design.

Dans une usine CRP, les ouvriers fabriquent du béton, le coulent et le moulent. Le principe est toujours le même, mais les techniques de fabrication du béton ont évolué au fil du temps. « On sait aujourd’hui fabriquer du béton qui se moule tout seul (sans le vibrer et sans le comprimer). On parle de bétons auto-plaçants, le BAP. Nous nous orientons également vers des bétons fibrés à ultra-haute performance, BFUHP, qui présentent la même résistance que l’acier ; on peut donc réaliser des produits très fins. Nous travaillons enfin sur des bétons anti-agressions chimiques, qui permettent de réaliser des systèmes complets de canalisations sans craindre les émanations de gaz qui attaquent les matériaux ».

Rappelons que le béton se compose de sable, de cailloux, de ciment (poudre de pierre chauffée) et d’eau, matériaux présents en grande quantité dans le milieu naturel. Le sable et les cailloux sont achetés localement, le ciment dans la région. Aucun produit hydrocarboné n’est utilisé. Il n’y a pas plus écologique que le béton, qui est entièrement recyclable, et ce à l’infini.

Jean-Marc Bessières tient à signaler que la région Nouvelle-Aquitaine, en lien avec la B.P.I. (Banque Publique d’Investissement), participent de manière très efficace au développement de ses entreprises ; par des aides financières à l’innovation (mise au point de nouveaux produits) et à l’investissement (usines et machines), mais aussi par de la formation et de l’accompagnement. Ainsi, avec 14 autres entreprises, CRP a été sélectionnée (parmi 19 000) sur des critères d’innovation, de potentiel de croissance et de rentabilité pour participer au programme « Accélérateur P.M.E. », destiné à former les dirigeants au management. « En Nouvelle-Aquitaine, le but de la Région n’est pas de soutenir les canards boiteux sans avenir, mais d’aider les performants à surperformer, afin de développer l’emploi et les rentrées fiscales. C’est donnant-donnant. C’est un discours sain et clair ».

Localement, les villes de Brive et Malemort acceptent de tester des prototypes sur leur territoire. C’est le cas, par exemple, en ce moment avec les « coussins berlinois », qui sont des ralentisseurs posés sur la chaussée, à la différence des chaussées elles-mêmes surélevées. Actuellement, la plupart sont en plastique : ils se désagrègent (sont donc dangereux), font du bruit et ne se recyclent pas. CRP a créé un coussin berlinois en béton, modulaire, indestructible (contrairement à un coussin monolithique), non-glissant et certifié NF (le seul sur le marché).

Ces essais permettent de prouver une fiabilité et une efficacité, qui inciteront ensuite d’autres collectivités à demander le produit. Quand on sait qu’il y a plusieurs dizaines de milliers de coussins berlinois en plastique à remplacer en France, on mesure l’importance du marché. De même que dans les domaines de la sécurité routière en général, de l’aménagement urbain, de l’évacuation des eaux pluviales et des eaux usées.

     Avec CRP, le béton a un bel avenir devant lui.